"Vacances Obligatoires en Famille" .Valentine de le Court par Philippe de Potesta
"Vacances Obligatoires en Famille" .Valentine de le Court par Philippe de Potesta
"Vacances Obligatoires en Famille ".Valentine de le Court . Éditions Mols 2015, 171p , 18.90 euros.par Philippe de Potesta
"Vacances obligatoires en famille" est le deuxième roman de Valentine de le Court ( Avocat)."Explosion de particules" ,son premier roman connut un grand succès . Le troisième fut également apprécié ,Une maison bruxelloise , édité (comme tous) chez Mols en 2017. Le quatrième , A vendre ou A louer est sorti au début du confinement en mars 2020. Nous aurons le temps d’en parler ultérieurement !
Le titre de "vacances obligatoires en famille" est évocateur de l’histoire de ce charmant roman . Un univers familial exploré en douceur et en profondeur avec ses allers et retours,ses joies, ses tourments. Des soeurs qui se demandent comment elles peuvent être si différentes alors qu’elles ont grandi sous le même toit . Avec en plus les maris et les trois jeunes filles qui complètent ce tableau .
Pour ces vacances familiales , Christiane et Jean-Louis (les parents) ont loué une villa . Il faudra composer pendant cette période . Pour Valérie ,ce sera de devoir supporter les directives incessantes de sa soeur Caroline , Orphélie la dernière de faire accepter son nouveau copain Cédric . Et plus difficile pour Christiane ,la mère ,de trouver le bon moment pour parler d’elle à ses filles !
Il y a bien exploitée ,ces éternelles rivalités entre soeurs dans chaque famille . Dans ces pages très féminines et aussi très instructives pour les lecteurs masculins.
P31,” Elle n’oublierait jamais l’anniversaire de ses seize ans.Caro avait dansé et flirté avec ses amis tandis qu’elle avait couru toute la soirée pour que personne ne manque de rien .Et ses copains se souvenaient de sa super soeur, tellement sympa! Val en avait assez d’endosser le rôle de la fille pas marrante tandis que sa soeur récoltait les rires. Elle tenta de se consoler en se persuadant qu’aujourd’hui, sa vie à elle était sûrement bien plus passionnante que celle de son aînée,coincée dans sa campagne boueuse, perdue au milieu de poules stupides et répugnantes .”
Dans ce roman sympathique ,au fil des chapitres , nous découvrons une intrigue bien construite qui démarre de l'ordinaire des situations et des personnages vers un lâcher prise de tout pour aboutir à l'essentiel .C' est profond et super bien amené sur du velours par l’auteure.
Les quatre femmes adultes et la jeune Emma veulent tout décider et contrôler à la base favorisant efficacité plutôt que la raison profonde qu'elles étouffent en elles . Elles écrasent et dirigent leurs conjoints pour " cohabiter à côté d'un conjoint collègue " " Qui ne font pas danser les entrailles " c'est une famille " d'hommes meubles " . Elles ne se doutent pas que ces hommes " loin des maîtresses femmes ,"retrouvaient un semblant d'existence ".
J'ai trouvé très subtil le revirement de situation où les quatre femmes en reviennent à une authenticité et une simplicité d'enfant pour réaliser qu'elles trouveraient leur bonheur en se réalisant simplement dans l'émotion brute et vraie .Et a l'inverse , Emma, l’adolescente renfermée et secrète devient femme en fin de puberté pour devenir elle même une jeune femme aux yeux des adultes et quitter ses chimères pour s'encrer dans le réel de la vie ...
Après avoir démontré l’héroïsme de ces femmes dans ce roman assez féministe , Valentine de le Court conclu gentiment tout de même pour la gente masculine avec cette belle phrase
p170 " Son vieil époux revêtit son costume d'amant protecteur qu'il avait remisé depuis les débuts de leur mariage.”
J’ai lu et savouré lentement ces quelques moments tranquilles et choisis lors de deux soirées de confinement ....C’est réellement une histoire humaine et cohérente , dont j’ai à vrai dire apprécié ces mots qui tombent ,aériens et délicats ,dans des phrases ciselées dans le terreau de la vie . Une prose percutante mais très juste et sensible tant dans le dramatique que la drôlerie .
