"Une nuit sas repos de" Léon Bralda par Remy Monget
"Une nuit sas repos" de Léon Bralda par Remy Monget
Léon Bralda. "Un nuit sans repos." Poésie. Préface de Marie-Christine Guidon. Édition : Les Poètes de l'amitié. 48 pages. Prix : 10 euros. Par Remy Monget.
Cet ouvrage a reçu le prix de l'édition poétique de la ville de Dijon 2021.
Né en 1961, à Béziers, Léon Bralda, partage son temps entre son métier d'enseignant et ses activités de créations poétiques et plastiques.
Une nuit sans repos: ce titre résume bien la gravité du recueil de Léon Bralda, dont le thème est le camp de concentration de Struthof-Natzweiller. Le 23 novembre 1944, date mentionnée dans l'ouvrage, les alliés découvrent le site totalement vide de ses occupants.
Il s'agit pour l'auteur de ces poèmes de ne jamais oublier, de tisser "jusqu'à l'obscur de la toile de la mémoire." Raconter l'indicible.Dès le début l'auteur prend le lecteur à témoin ,puis il devient partie intégrante de son récit s'inscrit dans une démarche mémorielle :""s'habille de chaire blessée."
Peut-on imaginer, des êtres déshumanisés par leurs semblables, dans le dénuement et le dépouillement poussé à l'extrême.
Le constat de la résignation de l’être blessé nous laisse démunis. La parole éteinte devient cendre. Plus aucune couleur ne résiste à l'horreur, comme une pluie noire.
Malgré la mort inéluctable, le vide, le silence, se dessiné une passerelle où on perçoit une vie, des voix, des respirations, voulues par l'auteur. Léon Bralda les porte sur le papier. Le passé engendre des blessures et laisse des cicatrices. Léon Bralda les fait siennes.
L'auteur invente un langage qui parle à l’âme et va trouver l’être humain dans sa vérité.
On ne sort pas indemne de cet univers partagé. Par delà la poésie, dans ce recueil, se croisent des images, des nuances qui se fondent dans une source inépuisables de réflexions, sans jamais tomber dans le pathos.
Le poids de la mémoire s'offre sans retenue au lecteur de manière douce. Tout est suggéré. Il s'agit de rares poèmes en prose.
Je partage avec vous un poème tout en délicatesse, p 7 :
"D'un pois trop lourd.
Nous n'aurons abusé que du sobre verger, de de jardin où s'épuise le fruit, où la sève a jailli d’être tant remué.
Ce n'est qu'à l'aube de ce jour, devant ce ciel qui tombe juste contre la peau, à l'orée de ces bois écroulés sous l'histoire, que tu jettes le temps qui te possède encore..."
Voici le poème p 47 : "Si bonheur, il y eut, ce fut durant ces temps, où jeune, notre étoile éclairait les possibles. Nous avions tant à vivre et à partager.
Si bonheur il y a, c'est dans ce temps qui porte sous le le visage nu de l'espoir de la saison."
C'est un récit poignant et dépouillé qui est livré au lecteur."