"En love mineur", de Dominique Costermans par Philippe de Potesta
"En love mineur" de Dominique Costermans par Philippe de Potesta
En love mineur, Dominique Costermans ,nouvelles 115 pages ,éditions Quadrature 2017. 15 euros
Dominique Costermans est une journaliste belge ,photographe mais aussi, professeure ,romancière ,essayiste et nouvelliste maintes fois primée.
De Rome à Chamonix ,du Portugal à la Crète, en autant de nouvelles et de textes courts, D. Costermans nous invite à dix-sept promenades En love mineur sur des premiers amours ,la tension amoureuse et la célébration du quotidien .
Ce recueil de dix-sept nouvelles courtes dans l’ensemble écrites de manière vivante par l’auteure , comporte de multiples sujets abordés qui le sont, à l’instar des variations Goldberg qu’elle site p 69;
” Il s’agissait d’une soirée musicale dans un château , avec lecture de textes extraits des variations Goldberg.”.
En effet, il y a toujours comme dans cette extraordinaire musique en refrain principal l’amour ou la possibilité d’un amour pour un homme ainsi que celui pour des lieux de passages, de voyages ou plus ordinairement encore, des endroits de vie . Et tout autour de cet axe principal une foule de détails importants ou moins qui viennent donner du corps et de la saveur aux différents récits
Dominique Costermans évoque également des personnages qui l’ont marquée .P67;
“ Madame Saumont était une petite dame sans façon , aux cheveux courts et tout gris. Sa valise ne pesait rien. J’avais lu tous ses livres . Elle en publiait un par an, avec une belle régularité. Elle y parlait des choses de la vie ,de la banalité du quotidien, de tout ce que j’aimais. Elle puisait beaucoup de ses histoires dans les faits divers,les petites annonces. Je voulais faire comme elle , dire des choses de la vie avec simplicité. J’ai pris sa valise, et je l’ai ramenée à son hôtel.”
Désir exaucé pour Costermans car, elle arrive à nous parler dans cet ouvrage dans le style “ Saumont” mais avec, je trouve ,une profondeur qui explore ce qui nous questionne de façon aiguë . C'est-à-dire les hasards de la vie et des rencontres qui font qu' une parole dite ou non dite peut changer le destin de nos vies tout comme les hasards des moments ou des lieux .
J’aime bien la prouesse d’écriture qui arrive à trouver du beau ou de l’important dans le plus ordinaire ou insignifiant .Son regard de photographe professionnelle et son métier de journaliste se retrouvent dans la moindre de ses phrases . P49 ;
” Dehors , un soleil insistant disputait à la brume la caresse des quais de déchargement , des wagons de marchandises ,des annexes, des murs de fond de jardin éventrés, des dépôts d’immondices sauvages, des cerisiers en fleur. Le printemps éclatait de promesses.”
Les réflexions se rapportant aux relations amoureuses sont exclusivement abordées sous un angle féminin ,subtil et discret ,P101
“ J’en ai perdu déjà, des bijoux . Je regarde les quelques perles sauvées du néant vert et je me dis que la bague au doigt , la corde au cou, tout ça finalement, c’est pas pour moi .”
J’ai aimé la fraîcheur ainsi que les émotions et les réflexions qui ressortent de la lecture de ces nouvelles écrites avec maîtrise et sincérité et, vous suggère de faire comme moi ,d’emboiter le pas et la prose cristalline de Dominique Costermans!
P 107 ; “ Le train pour Bruxelles ,s’il vous plaît ? L’homme avait l’air un peu perdu. “ Suivez-moi, dit la narratrice sans ralentir le pas. Nous allons prendre ce train, voie 2. Venez” L’homme marqua un léger signe d'étonnement devant l’assurance de cette femme décidée- et pressée! - mais lui emboîta le pas pour dévaler à ses côtés trois volées de marches .” .