Vers l'horizon

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"Même les arbres s’en souviennent" . Christian Signol par Philippe de Potesta


Même les arbres s’en souviennent . Christian Signol par Philippe de Potesta

"Même les arbres s’en souviennent" . Christian Signol . Le livre de poche. fev . 2021 .232 p .7,40 euros .

 

Depuis 35 ans ,très populaire en France et ailleurs , Christian Signol a écrit d'innombrables romans édités dans les plus grandes maisons ; Albin Michel , Robert Laffont , Seghers. Certaines de ces histoires ont été portées à l’écran .

 

Rien de tel qu’un livre de poche pour être emporté et lu n’importe où en vacances, mon choix s’étant arrêté sur le dernier Signol , je m’attendais uniquement à une lecture agréable sans plus . Cette agréable lecture ne l’était pas uniquement car, à 74 ans, Christian Signol dépasse son art d'écrire  en transformant son récit en chronique du vingtième siècle . Une chronique complète en beaucoup d'époques cruciales et déterminantes de ce siècle si chargé en conflits mais aussi en progrès technologiques . En évolution du niveau de vie des français et de leurs nouvelles façons de vivre . Également en changements de  la société et des mœurs qui y sont  très bien décrits et analysés .

 

En grand spécialiste du monde rural et en particulier du Limousin , l’auteur excelle comme toujours à nous faire humer son terroir en déployant avec brio de savoureuses et très imagées descriptions . 

 

L’évolution de l'agriculture et la disparition d’un demi- million d’ exploitants  est évoquée sans être plaintive ni lassante . 

 

Signol arrive à mentionner avec exactitude et maîtrise toutes les évolutions de ces cent dernières années sans excès de nostalgie mais avec honnêteté et positivisme . 

 

Il  met en scène l’arrière petit fils Lucas , diplômé H.E.C qui a fait fortune en créant sa startup et qui demande à son grand père aimé ,Emilien, d’écrire sa vie d’agriculteur né en 1915 et qui atteint ses nonante printemps  en 2005 . Le temps presse donc pour qu’ il écrive sa vie et l’histoire de son petit hameau de Loubatié .

 

Les privations et les rudesses de son début de vie même si elles interpellent Lucas sont tellement incroyables à l’heure actuelle que ce dernier insiste pour que son aïeul en livre les détails . 

  

P46 “ Car il est vrai que nous ne parlions que ce patois limousin dont usait nos parents, la langue française n’ayant pas encore imprégné les régions reculées comme l’était la nôtre, en dehors des grandes voies de communication, où les gens vivaient entre eux,sans véritable contact avec le monde extérieur, sinon,pour les hommes un départ au service militaire qui les arrachait à leur terre et à leur famille .”

 

P111” Mais je n’avais jamais imaginé que ce poste de TSF allait faire entrer dans notre maison le monde entier . Du jour au lendemain, nous avons été au courant des nouvelles de France et des pays lointains .”

 

P224 “ Nous avons connu une forte solidarité parce que nous étions fermés sur nous-même, sans moyens de communication ou de déplacement. Une société communautaire , qui s’arrêtait aux limites de Loubatié et de Croisillac. D’où la nécessité de vivre ensemble, en autosuffisance . Nous avons vécu libres , mais isolés, et ce mode de vie n’avait pas que des bons côtés: par exemple ,il ne faisait pas la part belle aux femmes , refusait le progrès et tout ce qui venait d’ailleurs . 

  • Même toi ?

 

  • Je me suis toujours efforcé de donner à mon épouse et à ma belle-fille l’attention et le respect qu’elles n’auraient peut-être pas trouvés dans d’autres familles .”

  •  

P225 Lucas s’est redressé, a souri, et m’a dit : - “ Moi, je crois que rien n’est irrémédiable . Aujourd’hui, sous la pression des opinions, la nécessité de veiller sur l’environnement va changer les choses . Une polyculture bio, raisonnée, durable ,qui mettra en contact direct les producteurs et les consommateurs va apparaître .”

 

Comment ne pas terminer ici sans donner raison au récit visionnaire de Signol qui s’inscrit au plus vrai dans l'environnement de la pandémie qui nous affecte depuis 16 mois et les dernières intempéries de ce mois de juillet catastrophique . On a quitté trop rapidement un mode de vie ,aidé par les progrès technologiques et scientifiques sans ménagement pour nos traditions et notre environnement !


31/07/2021
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