"Urgence Attentats" de Marie-Astrid de Villenfagne et Yvan de Beauffort par Delphine Gillès de Pélichy
"Urgence Attentats" de Marie-Astrid de Villenfagne et Yvan de Beauffort par Delphine Gillès de Pélichy
"Urgence Attentats" de Marie-Astrid de Villenfagne et Yvan de Beauffort, Marque belge, 1er Tome 2021, 176 p, 22 € - par Delphine Gillès de Pélichy
Rappelez-vous le 22 mars 2016. Partagés entre stupeur, incrédulité et angoisse, nous apprenions le double attentat de Zaventem et du métro Maelbeek à Bruxelles.
Fébrile, j'essayais d'appeler mes enfants, dont c'était la ligne de métro pour se rendre à l'école. Ils démarraient généralement une demi-heure plus tôt, mais sait-on jamais ... En vain, les lignes étaient saturées ...
C'est ce que rappelle Yvan de Beauffort qui, lui, tentait de joindre son épouse Marie-Astrid dont il était sans nouvelles depuis la veille au soir, car elle était de garde la nuit.
Il apprendra effectivement que sa femme, responsable urgentiste au CHU Saint-Pierre, s'est rendue sur les lieux du drame après sa garde. Arrivée parmi les premiers secouristes, elle crée au premier PMA (post médical avancé) afin d'accueillir les blessés.
Rapidement épaulée par d'autres professionnels de la santé, elle ausculte, trie et dispatche les blessés.
Ce qu'elle découvre est insoutenable : c'est un véritable champ de bataille et elle soigne des blessures de guerre. Mais elle n'a pas le temps d'y penser, parant au plus pressé. Car les premières minutes sont essentielles.
Heureusement, une belle solidarité se crée par-delà le désarroi, la douleur et le manque de moyens.
Ce récit poignant et sans fard est émaillé d'autres aventures médicales arrivées aux urgences, certaines dramatiques, d'autres assez coquasses ...
Yvan de Beauffort, administrateur aux Cliniques universitaires Saint-Luc, s'interroge en filigrane sur le suivi psychologique des médecins, qui sont confrontés à des événements souvent dramatiques, ou simplement des "éraflures quotidiennes (qui) pourraient, peu à peu, avec le temps, devenir des entailles (p.157)
"Urgence Attentats" sonne juste, parce qu'il relate en toute simplicité le quotidien de ces médecins du front. Etablir un bon diagnostic, poser les bons gestes ... L'héroïsme se cache derrière chaque intervention. "Soigner sans guérir" (p. 102) c'est cela les urgences !
"J'ai commencé la médecine en sautillant. Avec les années, le poids de certains drames a alourdi mes pas" (p.118). Ces paroles font écho au combat d'Yvan pour accompagner le personnel soignant.
Merci Astrid et Yvan pour ce témoignage bouleversant !
Delphine Gillès de Pélichy
