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A vendre ou à louer de Valentine de le Court par Philippe de Potesta


"A vendre ou à louer" de Valentine de le Court par Philippe de Potesta

A vendre ou A louer . Valentine de le Court . Mols . Fév 2020 , 319p 20,90 eur 

 

Valentine de le Court est belge et  a écrit quatre romans dont celui-ci est le dernier et qui a  paru juste au début du premier confinement .

 

C’est un thriller à thèmes éthiques et   en rapport à de récents faits de société .Il comporte des rebondissements multiples et inattendus. Certaines parties du texte  sont en italique pour permettre de différencier les trois voix des trois protagonistes principaux . Jean- Baptiste agent immobilier , les pensées de Machinka que tout Paris recherche , et le journal intime d’une sulfureuse journaliste intrigante et célèbre.  

 

Jean-Baptiste un peu bad boy est professionnellement  un  agent immobilier peu scrupuleux ; p 27" Il aime  pénétrer partout dans Paris telle une souris qui se faufile par les tuyaux. Il possède les codes,les clefs,tutoie les concierges et,contrairement aux rongeurs, ne passe pas par l’escalier de service ou les recoins sombres. On l'accueille,sans songer à le piéger. Si discret que les propriétaires ignorent quand il s’installe dans leurs murs pour quelques nuits .” Alors qu’il emmène sa dernière conquête Alice, charmante infirmière ,dans un hôtel de maître  dont il possède la clé et qu’il compte occuper  une nuit , ils auront la mauvaise surprise de découvrir une femme agonisante  dans une baignoire ! Il s’en suivra beaucoup d’intrigues, de pièges de chantages et d’enlèvements .Le tout sur fond de poursuites périlleuses . 

Il y aura aussi l’attachement grandissant de Jean-Baptiste pour la belle Alice .

 

Ce très bon roman de Valentine de le Court s'inscrit parfaitement dans le style des thrillers actuels . Résolument avant-gardiste car mélangeant parfaitement l’alternance de l’écriture vivante et spontanée avec des clins d'yeux humoristiques et ironiques mais également des passages qui suscitent des émotions  quand ce ne sont pas des réflexions à propos d’éthique .

 

Et comme habituellement chez cette autrice , on se régale des descriptions de situations et de personnages dont les idées sont travaillées jusqu’au bout ,imagées et foisonnantes de détails clairs et cohérents !

Le début accroche les lecteurs qui sont désarçonnés au bout de quelques lignes. On     est ballotté comme une  pelote de laine dans les pattes d’un chat .  Au plus on entre dans l'histoire, au plus les nouvelles situations nous captivent et  nous surprennent également …

 

Nous pénétrons dans le jeu et les enjeux de chaque protagoniste ainsi que  de leurs  propres problèmes . 

Pour garder tout de même un côté roman “ feel good “, les héros malgré eux,  nous apparaissent de plus en plus sympathiques et, au plus Alice est charitable , Jean-Baptiste évolue favorablement . L'idylle n’est plus très loin alors …

 

Et pourtant, Jean-Baptiste avait vu au départ la jeune infirmière comme un simple gibier .

 

P116” Il hésite, puis lui envoie une photo de lui en train de lire le manga. Il rajoute :” Je connais tes principes,tu peux accepter mon invitation, je n’ai pas été ton amant, le délai de péremption ne fonctionne pas avec moi .” Ça marche, elle répond tout de suite et lui propose un déjeuner le surlendemain . Tout réjoui, il décide de s'offrir un gin dans l’unique bar du coin .”

 

Tout l’art de l’intrigue et du suspens qu’a déployé Valentine de le Court nous apparaît comme un puzzle parfaitement agencé pour nous captiver du début à la fin P 209 “ La nuit est tombée. Jean-Baptiste, assis sur le canapé de Bruno, liste tous les indices, trois pauvres feuilles gribouillées. Sans queue ni tête. Juste des phrases avec des tirets . 

  • Un portefeuille retrouvé dans un quartier perdu.

  • - Une Mercedes conduite par des Kazakhs qui font du chantage pour retrouver Machinka.

  • -Un hôtel particulier loué par les mêmes Kazakhs .

  • - Une jeune femme , dans une baignoire,qui disparait sans laisser de traces .

  • - Vlad, le pro des magouilles en tout genre n’a jamais rencontré Machinka .

  • - Machinka étudiante sous un pseudonyme ?

Un docteur médiatique qui demande la peau d’un agent immobilier inconnu . “.

 

Amener un sujet aussi sensible et important que la G.P.A ( ventre à louer) dans un roman à suspens était un défi à relever . C’était courageux et risqué mais parfaitement réussi car amené sur du velour sans oppresser ni influencer les lecteurs 

 

 Il serait intéressant de savoir si sa consoeur romancière Eliette Abécassis a lu A vendre ou A louer et ce qu’elle a pensé de cette démarche de Valentine  de le Court ? Car comme on le sait , Abécassis a milité vigoureusement contre la G.P.A. qu’elle assimile à un marchandage du corps des femmes .Surtout des femmes précarisées .

 

Et enfin , un dernier extrait pour souligner le constant attachement de la romancière  pour l’enfance en général  et les traditions religieuses en Belgique ;

 

P 149 “ Hier soir je m’étais cachée dans le chœur quand un jeune homme est sorti de la sacristie et a éteint tous les cierges. Il ne m’a pas aperçue , tapie dans un coin. Il a fermé l’église à clef, je suis restée seule dans une odeur d’encens qui me rappelait les Noëls de mon enfance .”


04/08/2021
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