Vers l'horizon

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"La grâce" Thibault de Montaigu, par Delphine Gillès de Pélichy


"La grâce", Thibault de Montaigu par Delphine Gillès de Pélichy

"La grâce" par Thibault de Montaigu, Plon, 3ème T 2020 - 368p - 20,90 € par Delphine Gillès de Pélichy

 

Thibault de Montaigu, auteur de 4 romans remarqués par la critique, passe par un moment de profonde dépression.  Sa psychologue l'encourage à écrire afin de sortir de cet état de prostration.  C'est ainsi qu'il s'intéresse à Dupont de Ligonnès, ce père de famille qui a disparu alors qu'on retrouve les corps de sa femme et de ses quatre enfants abattus par balle.

Parti à sa "recherche", l'auteur se retrouve hôte de l'Abbaye de Barroux, où Ligonnès avait participé à des retraites dans son enfance.  Le dernier jour, Montaigu vit une expérience inénarrable : touché par la grâce, il est habité par une certitude : "Dieu était là, à l'intérieur de moi et derrière toute chose, dans l'infiniment petit comme dans l'infiniment grand, immergé dans l'univers et l'univers immergé en lui" (p39)

 

Riche de cette découverte, l'auteur retrouve les siens.  Quelques mois plus tard, il part rendre visite à son oncle Christian, moine franciscain à qui l'on a découvert un cancer en phase terminale.  Thibault de Montaigu s'empresse de lui confier sa conversion, mais ne peut approfondir le sujet avec le moine, car celui-ci le quitte quelques heures plus tard.  C'est ainsi que l'auteur découvre que son oncle s'est converti à 37 ans, tout comme lui.  Une conversion fulgurante également, alors que jusque  là il vivait une vie de plaisir et d'excès.  Ces coïncidences vont interpeler l'auteur et l'encourager à comprendre le chemin de conversion de son oncle, découvrant de nombreux parallélismes avec la vie-même du fondateur des franciscains, Saint François d'Assise.

 

Un récit comme on en rencontre peu, d'une rare authenticité, où les faiblesses de l'homme lui permettent de se purifier pour mieux se rapprocher de "l'éclatante vérité dans toute sa nudité".(p301)

 

Pour finir, je reprendrais les mots d'Aportail sur Babelio : "Vous êtes croyant ?  Lisez ce livre, ça décrasse sacrément.  Vous ne l'êtes pas ?  Lisez ce livre, vous vous reconnaîtrez peut-être dans ce "désir blessé de croire" (ce terme me donne les larmes aux yeux tant il est juste).

 

Tout est beauté ici : la langue bien sûr, la puissance des ambiances, mais aussi la tendresse de l'auteur pour les aspects minuscules de la foi, la progressive acceptation d'une révélation qui remet en cause toute une grille de lecture du monde et de la vie, l'humble quête de ce qui peut nourrir l'émotion foudroyante du premier contact charnel avec Dieu.

 

 


24/02/2021
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