Vers l'horizon

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Amanda STHERS, "LETTRE D’AMOUR SANS LE DIRE" par Isabelle Regout


Amanda STHERS, "LETTRE D’AMOUR SANS LE DIRE" par Isabelle regout

Amanda STHERS,   LETTRE D’AMOUR SANS LE DIRE. par Isabelle Regout

 

La nouvelle saison de ma tournante de livres vient de commencer et je me suis plongée avec curiosité dans ce petit roman épistolaire.

 

C’est une seule et longue lettre écrite par une femme à son masseur japonais. Il avait visiblement des doigts en or et le pouvoir stupéfiant de faire remonter en elle souvenirs, émotions et passé bien enfoui.

 

Existe-t-il histoire plus triste que celle de cette fille du nord ? Éduquée par une mère effacée et  tripotée par un père pour le moins assez rustre. Adolescente aguicheuse, à la fois naïve et sans repère, la voilà bientôt enceinte. Un job de professeur de français semble lui avoir donné un peu de joie mais jusqu’à la rencontre tout à fait inattendue avec ce masseur japonais dans un salon de thé, sa vie se déroule sans beaucoup de relief.

 

« Toutes les enfances sucrées m’assaillaient. J’allais être grand-mère et je prenais conscience de cette atroce joie qui a été de trop, m’a rempli la bouche comme du sirop et j’ai eu peur et mal. J’ai été en colère. Ecœurée à en vomir. Je me suis demandé où était passée ma vie que je n’avais pas osé commencer. J’avais encore le ticket pour un tour de manège qui tournait, tournait sans que j’ai pu monter ; et voilà que la nuit se mettait à tomber, que le carrousel ralentissait et que le parc se refermait sur moi. Quand je suis arrivée à vous, j’étais pleine d’une rage sourde et honteuse. »

 

Je me réjouissais de ce petit roman dont le style est certes délicat et raffiné. Les multiples allusions à la culture et à la langue japonaises me parlent et m’enchantent. Mais l’histoire est triste, triste, triste comme un long jour de pluie et mon enthousiasme initial s’est peu à peu mué en ennui profond. Les rêveries de cette femme ne m’ont pas convaincue. Que cherche-t-elle en s’épanchant de cette façon ? Là où certains voient de la pudeur, de l’émotion, de la poésie, j’y vois les élucubrations d’une adolescente attardée, une femme au caractère hésitant, subissant la vie en silence. De plus, la trame du récit n’est pas suffisamment  solide. Je m’arrête ici. Vous avez saisi ce qui n’est qu’un point de vue très personnel.

 

Si vous êtes malgré tout tenté de découvrir la lettre d’Alice, installez-vous confortablement dans un  bon fauteuil, avec quelques bulles très légères à portée de main et rassurez-vous, dans deux petites heures, la lettre sera postée.

 

Amanda Sthers, Lettre d’amour sans le dire, Grasset, 2020


20/05/2021
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