Vers l'horizon

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"Premier sang" , Amélie Nothomb par Philippe de Potesta


"Premier sang" , Amélie Nothomb par Philippe de Potesta

Premier sang , Amélie Nothomb , Albin Michel ,nov 2021 ,171p . Prix Renaudot 2021
 
Comme il a été dit dans une précédente critique dans ce blog,   il s'agit d'un roman attachant et émouvant.
 
Amélie Nothomb cherche à nous faire partager les valeurs qu'elle a reconnues  à son père Patrick après le décès de celui-ci en 2020.
 
En s'immergeant dans le passé de son père en y mêlant souvenirs et émotions imaginées par elle-même ,elle fait une démarche aimante et tendre envers celui qu'elle regarde à titre posthume comme un héros qui a vaincu ses chagrins d'  enfance malheureuse et solitaire . 
 
Elle nous en donne une vision sereine et valorisante qui est indiscutablement un témoignage d'amour d'une fille à son père tout comme Patrick en avait pour son père qui lui a tant manqué toute sa vie durant . En effet, André Nothomb est décédé d'un accident de déminage alors que Patrick était bébé ....
 
L'auteure consacre les vingt-sept dernières pages de ce court roman à la prise d'otages de Stanleyville et du rôle actif et risqué que son père alors jeune diplomate y a tenu en temps que otage  lui-même . 
Malheureusement elle termine de façon abrupte cet événement et ce roman sans parler de l'intervention des para-commandos belges et des victimes qui en découlèrent comme si elle aussi,  avait peur du sang ?
 
Elle décrit à sa façon très fantaisiste parfois ( comme elle même) le Pont d'Oye , le clan Nothomb et les privations de la guerre . Ensuite les études et premiers émois amoureux de son père , sa demande en mariage et puis celui-ci et enfin ,Stanleyville .   
On peut comprendre l'étonnement et le mécontentement de la famille Nothomb actuelle lorsque Amélie fantasme sur les attitudes et le caractère de Pierre Nothomb , du manque de nourriture durant la  guerre chez ce dernier au Pont d'Oye...
 
Elle réduit son père à ne pouvoir manger que des miettes de pain au Pont d'Oye alors que ; p 55
 
elle déclare dans la bouche de son père ," Je quittait l'enceinte du château et marchais jusqu'aux métairies en contrebas . Dans le potager , je vis ma grand-mère agenouillée à même la terre ." 
 
Sachant que cet environnement est entouré par la grande forêt ardennaise dont les Nothomb possédaient une partie non négligeable et y chassaient de  nombreux gibiers , on est vraiment surpris par les déclarations assurées de la parisienne qu'est Amélie !
 
Toute la première partie de ce beau roman, l'auteure parle à la place de son père âgé de six ans en lui prêtant des raisonnements et discours surréalistes  pour un garçon d'un tel âge qui  plus est avait très peu parlé avec des adultes au préalable ! P 59
 
<< j'ouvris grand les yeux  depuis quand fallait-il penser quoi que ce fut au sujet de la poésie ? Au hasard, je lui fis  part de mon expertise . - C'est de la poésie. - C'est bien ou pas? La question me stupéfia . Je n'aurais jamais imaginé qu'on puisse approuver ou non la poésie. La poésie, comme le mauvais temps, les jours fériés ou les soldats de plomb , existait. Elle était une réalité avec laquelle il fallait composer . " 
 
Néanmoins,  Premier sang est superbement bien écrit et se lit très agréablement . Et j'ai envie de m'essayer à la Amélie Nothomb en ne concluant pas ces lignes ... Hi,Hi!

17/01/2022
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